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L'AFFAIRE TAPIE - LARGARDE

 

400 millions d'euros ont été versé à Bernard TAPIE c'est l'équivalent de 33 000 années de travail au SMIC ou 6 mois de franchises médicales payées par la totalite des assures sociaux. Cette affaire est scandaleuse. François BAYROU dénonce cette affaire. C'est au coeur de l'Etat, au coeur du gouvernement sous SARKOZY qu'il y a eu des manoeuvres et une série de décisions qui ont spolié le gouvernement. Si Christine LAGARDE est mise en examen il y aura un affaiblissement de l'image de la France et un affaiblissement de l'imgage du FMI.Les sujets de cette mise en cause cette fois - ci, c'est à dire faux, complicité de faux si c'est prouvé et complicité de détournement d'argent public.  Cela fera deux directeurs du FMI misent en cause. Cela entrainera une fragilisation de la France à l'étranger. Bernard TAPIE ne rembousera jamais les 400 millions d'euros.

 

JEAN LASSALLE LE DEPUTE QUI MARCHE (1B)

JEAN LASSALLE
JEAN LASSALLE 

 

Le mercredi 10 avril 2013, après avoir publié le communiqué suivant :

 

« Mes amis,
 
Ce jour, mercredi 10 avril 2013, j’entame depuis l'Assemblée nationale une marche à travers routes et chemins de France à la rencontre des citoyens qui le souhaiteraient.
 
Je n'arrive plus à traiter les dossiers liés à mon territoire. Il me semble que c'est aussi le cas de la plupart d'entre vous, chers collègues de la Représentation nationale.
 
Un brutal changement de monde nous a pris au dépourvu. Nous avons perdu nos repères, et notre pouvoir au nom du peuple souverain s'efface. Une fois encore, nous n’avons pas su éviter le piège de l’hégémonie financière.
 
Une terrible et profonde crise accable notre pays, suscitant le repli sur soi, et générant une profonde angoisse qui distendent jour après jour nos liens sociaux, parfois les plus intimes. Nous peinons à intégrer nos jeunes, pourtant pleins d’enthousiasme.
 
Pour enrayer la résignation et reprendre en main le fil de notre Histoire, il me parait urgent de rendre la parole aux citoyens. Ensemble nous pourrions régénérer la démocratie et revivifier la République.
 
Cette marche, empreinte d'humilité mais déterminée, est guidée par le souci d'entendre la souffrance, le doute, mais aussi les aspirations et l'espoir des Français.
 
Elle est mue par la conviction que le jour où l'Homme retrouvera l'Homme, chemin faisant, paisiblement, ils reconstruiront un destin partagé.
 
Merci pour votre soutien,

Jean Lassalle »

 

Jean Lassalle est parti sur la route.

 

Il est parti à pied, comme personne ne le fait plus. Sans escorte, sans voiture accompagnatrice, avec un sac à dos sur son costume bleu, chemise blanche et cravate, puisqu'il convient qu’un élu de la nation porte aussi en vêtement la dignité et la fierté de la confiance qui lui a été faite.

 

Parfois entouré de compagnons plus jeunes et qui ont envie de partager le combat. Parfois seul. Qu’importe.

 

Accueilli le soir dans des familles amies, et qui s'inscrivent, qui appellent pour accueillir l’homme qui marche.

 

Il est parti à la rencontre des campagnes et des banlieues, de la France dont on n'entend pas la voix, ou qui, parfois, ne se laisse entendre que dans des poussées d’extrémisme.

 

Il y avait des semaines et des mois que Jean Lassalle était mal dans sa peau d’élu de la nation.

 

Il avait livré au printemps 2012, aux élections législatives, un de ces combats électoraux de titans, où il faut renverser les pronostics, et où il excelle. Seul contre tous. Seul contre les deux appareils des partis dominants, à sa droite et à sa gauche. Une fois de plus, il avait gagné.

 

J'ai l’habitude de dire que Jean Lassalle n'est pas un homme des temps modernes, pas un homme des temps politiques, où il s'agit de ruser, de se soumettre, dans un parti ou dans un courant, d'avaler toutes les couleuvres pour faire carrière. C'est un homme des temps héroïques, quand les êtres d'exception sont l'ordinaire de l'histoire, quand des êtres extraordinaires, qui sortent de l'ordinaire, font, parfois seuls contre tous, l'histoire ordinaire des hommes.

 

Pourquoi Jean Lassalle a-t-il voulu être l'élu des siens, l'élu de sa vallée ? Pourquoi a-t-il été le plus jeune maire de France dans son village, parmi les plus jeunes conseillers généraux dans son département ? Pourquoi a-t-il été élu député au terme de combats acharnés ?

 

Parce qu’il croyait, de toutes ses fibres, qu’un homme (au masculin ou au féminin, bien sûr) pouvait changer le monde. En tout cas, au moins le petit monde des siens. Et après le grand monde d’une nation, d’un peuple, de bien des peuples.

 

Et pour être fidèle à cette foi de jeune homme, de jeune garçon, à cette foi de citoyen adulte, il est allé plus loin qu’aucun autre dans notre pays et dans notre temps. Il a mis sa vie en jeu.

 

Devant le monde entier, au cœur de la salle des Quatre colonnes del’Assemblée nationale, il a mené en 2006 une grève de la faim de quarante jours pour sauver la dernière usine de sa vallée. Et il a réussi à convaincre la multinationale japonaise qui en était propriétaire de donner à cette usine un nouvel avenir.

 

Était-ce raisonnable ? Beaucoup ont pensé que ce ne l’était pas. C’était une déraison à la mesure de la déraison des temps où l’on considère que les uns peuvent avoir tout et davantage encore, et qu’il est tout aussi normal, et même légitime que les autres n’aient plus rien.

 

Et tout le monde s’en accommode, y compris ceux qui en sont les victimes, et qui, peu à peu, se résignent.

 

Il y eut une nouvelle alerte sur l’usine sauvée par la grève de lafaim. Et une nouvelle vague de résignation et de haussements d’épaule.

 

Plus le député des Pyrénées, le « seul député au monde des Basques et des Béarnais », prenait conscience de cette démission collective, plus il élargissait son regard, et plus il découvrait, y compris avec son collègue le communiste André Chassaigne, combien cette résignation, ce renoncement collectif était le drame de la France contemporaine.

 

Pas seulement de la France bien sûr. De la plupart des sociétés européennes. Mais c’est plus douloureux et plus dangereux en France que partout ailleurs, parce que la France a bâti la République sur l’idée qu’on peut toujours faire quelque chose pour changer le monde !

 

Alors Jean Lassalle a repris ses fondamentaux. Il a repris la lecture de l’histoire du XXe siècle. Il a repris la lecture d’un homme qui a été l’inspirateur de notre jeunesse commune, la lecture de Gandhi.

 

Que faisait Gandhi pour remuer les foules ? Deux choses déraisonnables : il jeûnait, et il marchait.

 

Jean Lassalle après avoir jeûné, a décidé de marcher. Car il fallait bien qu’il fasse quelque chose pour secouer cette couche d’impuissance et de rage qui étouffe le civisme. Qui fait que plus personne ne croit plus vraiment qu’il est en nous, qui sommes des consommateurs, parfois (de plus en plus rarement) des producteurs, parfois des fonctionnaires ou des retraités, ou des contribuables, qu’il est en nous un citoyen, membre du peuple souverain. Puisqu’on tend à nous faire croire que nous ne sommes plus souverains de rien.

 

Il a décidé de marcher au nom de tous ceux qui n’en peuvent plus, d’aller vers eux, où qu’ils se trouvent, avant de le faire un jour avec eux.

 

Il a voulu faire de son départ un non-événement, pas un choc médiatique, pas une annonce tonitruante. Il est allé à l’Assemblée nationale dire qu’il se mettait en route. Il a pris la route du Nord, la route de la banlieue, la route de Creil, bientôt la route de Dunkerque, pour que nul ne puisse penser qu’il rentrait chez lui. Il ne rentre pas chez lui, il vient chez nous. Le « nous » innombrable des Français qui, loin du cercle des initiés, ne voient plus le chemin à suivre, les ouvriers, les chômeurs, les « sans-emploi » comme on dit, et on risque de le dire longtemps, ceux qui croient qu’ils n’ont plus d’avenir parce qu’ils ne voient plus leur avenir. Le monde des élus locaux qui se perdent dans les labyrinthes des décisions jamais prises ou jamais appliquées.

 

Il lui a fallu surmonter les réticences, parfois les réticences des siens, et comment en serait-il autrement ?

 

Il a pris la route en marchant, qu’importe les tourbillons de pluie (il dit qu’il n’a jamais vu pluie plus décourageante), qu’importe les douleurs de la marche, il rencontre des enthousiasmes de militants, des familles qui l’entourent et l’accueillent.

 

Il a commencé quelque chose dont il ne sait pas, et moi non plus, comment il l’achèvera. Il fait quelque chose que plus personne ou presque ne fait plus : il prend un risque. Il ne fait pas de la communication, de l’apparence, de l’esbroufe. Il marche comme Gandhi pour vaincre l’indifférence du monde.

 

Pour l’aider, chacun fera ce qu’il pourra, ce qu’il voudra, ce qu’il osera.

 

Et c’est pourquoi j’ai décidé, moi aussi sans tambours et sans trompettes, d’assumer la tâche modeste chaque fois que je pourrai, sur cette page Facebook, et donc sur des milliers de comptes, réseaux sociaux mobilisés pour que l’impossible devienne possible, de rendre compte de la marche de Jean Lassalle.


Pour contacter ou accueillir Jean Lassalle : jlassalle@assemblee-nationale.fr

 

 

 

JEAN LASSALLE LE DEPUTE QUI MARCHE (3)

JEAN LASSALLE DANS LE NORD
JEAN LASSALLE DANS LE NORD 

Article écrit par François BAYROU le 2/05/2013

 

Les médias s’en mêlent, les émissions de radio et de télévision se multiplient. Ce matin, c’était France Info, à 7 h. 15. C’est la voix rocailleuse et chaleureuse de Jean Lassalle qui ouvre le journal de 7 h. en guise d’annonce du reportage. Une chose est remarquable : d’emblée, il y a comme une compréhension immédiate, sans commune mesure avec les débats brûlants qui accompagnèrent la grève de la faim.

C’est moins l’étonnement qui se fait entendre que l’empathie, comme si tout le monde, sans avoir besoin d’explications, comprenait de quelle démarche profonde il s’agissait. "Lui, vient nous voir, alors que personne ne vient jamais !", disent ses interlocuteurs. Et ce sont tous les Français, entendant les échos de cette surprenante marche, qui ont l’impression qu’on vient les voir, dans leur dénuement parfois, dans leur inquiétude, dans leur éloignement toujours, où qu’ils soient et d’où qu’ils parlent.

Jean me disait ce matin : "Je ne demande à voir personne. Je suis là pour qui veut, et je serai là pour qui voudra. Je n’ai pas à composer l’équilibre subtil qui tient compte des syndicats ici, des patrons là, des curés ou des laïques, des origines et des religions. Je viens et tous ceux qui souhaitent me rencontrer auront satisfaction. Je parle avec eux autant que je le dois, sans être pressé par un horaire, sans autre obligation que d’accomplir mon étape de la journée, afin d’être à Sangatte aujourd’hui, à Dunkerque dans quelques jours."

Et les journalistes participent – c’est rare !- de la même empathie, du même sentiment de compréhension immédiate. Nombreux sont ceux qui sont arrivés avec en tête l’ironie ou la dérision où, si souvent, leur métier les porte. Mais, comme Jean Lassalle marche, ils se mettent à marcher aussi. Et la distance alors s’abolit entre l’auteur du reportage et celui qui en est le sujet. Quelque chose naît, qui n’est plus de l’ordre de l’observation, ou du compte-rendu, mais du partage de réalités humaines et de moments de vie, qui, tout d’un coup, sonnent juste.

Or, nous sommes en un temps où plus rien n’a l’air de sonner juste. Ni les confessions, ni la télé-réalité, ni les grande déclarations. Mais un homme qui marche, son pas est forcément juste. Et sa parole aussi. Ce n’est d’ailleurs pas étonnant si un savant comme Axel Kahn a lui aussi décidé, ces jours-ci, quelques jours après Jean, de se mettre en route, pour marcher pendant plusieurs mois, à la rencontre des Français à hauteur d’homme.

Le journaliste, on le sent bien, cesse, après quelques kilomètres, d’être un observateur purement extérieur, il devient lui aussi un marcheur qui éprouve le pas et la rencontre. Et quelque chose passe, entre ces deux marcheurs, le marcheur qui témoigne, et le marcheur qui règle son pas sur le sien, entre le marcheur qui marchera encore demain, et celui qui n’oubliera pas qu’il marchait aujourd’hui.

Une chose gêne Jean. C’est qu’il a beaucoup de mal à téléphoner, y compris à moi, qui ne suis là que pour donner écho à sa marche et à sa parole. C’est que sur les routes de la baie de Somme et du littoral de la Manche, soufflent le grand vent de terre et le grand vent de mer. Et l’oreillette en est envahie, de sorte que personne n’entend plus rien, ni l’appelant, ni l’appelé. Et le grand vent a raison du téléphoniste compulsif qu’est Jean Lassalle en temps ordinaire, en temps sédentaire. Et les heures qu’il consacre d’habitude à ses innombrables correspondants ont rétréci comme peau de chagrin. Mais quand on marche le chagrin, justement, n’est pas de saison.

Les amis de Jean se contentent donc de se demander entre eux des nouvelles de la marche. Ce matin à Orly l’hôtesse d’accueil se précipite vers moi : "Comment va-t-il ? Je m’inquiétais de ne pas le voir depuis quelques semaines. J’ai été si contente d’entendre à la radio qu’il avait entrepris de marcher pour rencontrer les gens ! Celui-là, votre ami, on l’aime (la jeune femme m’a même dit ‘on l’adore’…) il n’est pas comme les autres."

Et Dieu sait si nous vivons un temps où l’on a un impérieux besoin de ceux qui osent n’être pas comme les autres…

 

 

JEAN LASSALLE LE DEPUTE QUI MARCHE (1A)

JEAN LASSALLE ET FRANCOIS BAYROU A L'UNIVERSITE DE RENTREE
JEAN LASSALLE ET FRANCOIS BAYROU A L'UNIVERSITE DE RENTREE 

Article écrit par François BAYROU.

Il est plus de minuit quand Jean m’appelle. Cela arrive assez souvent, à vrai dire. Lorsqu’il appelle à l’heure où il pense que je dors, c’est généralement pour pouvoir me laisser un message enregistré : une manière de me dire les choses, sans avoir à ouvrir de dialogue, sans avoir à répondre aux objections.

C’est ainsi qu’il agit lorsqu’il m’annonça sa décision de se lancer dans sa grève de la faim. Cette fois-là, la chance n’était pas avec lui. À une heure du matin, je ne dormais pas encore et je pus donc me faire du souci la nuit entière avant de le retrouver au café, au petit matin.

Il y a huit jours, c’est à 1h15 qu’il a appelé pour m’avertir de sa décision de marcher, et je n’ai trouvé le message qu’à 6 h. 30, trop tôt, avant l’émotion du départ, pour le réveiller. Quand nous nous sommes parlés, tout était en place.

Mais cette fois, ce n’est pas une ruse. Il est convenu qu’il m’appellera chaque jour, qu’importe l’heure. Ce soir, il sort d’une réunion où l’ont entraîné le maire et le conseiller général de Breteuil, dans l’Oise, réunion de l’AMAP locale. Les Associations pour le maintien de l’agriculture paysanne se développent dans tout le pays, faisant naître une véritable culture de la production et de la consommation : circuit court entre producteurs et consommateurs, méthodes de production protégeant l’environnement, revenu décent et garanti pour le producteur, garantie d’origine et de qualité pour le consommateur, fin de la standardisation de la production, suivi des saisons.

L’originalité de la marche de la part d’un député du peuple et la générosité que prouve cette entreprise sont-elles entrées en résonnance avec le militantisme des AMAP ? En tout cas, quelque chose s’est produit, comme souvent dans ces rencontres. Quelque chose d’un échange, non pas seulement politique, mais humain. Ou peut-être devrait-on dire mieux : quelque chose de hautement politique, parce que réellement humain.

Autres images de la journée : la sollicitude de la chaîne humaine qui se forme, lorsque les souffrances de la route commencent à se faire sentir : infirmière, pharmacien, qui confient aussi leurs craintes, les doutes que leur inspirent le perpétuel mouvement de concentration de tous les services. Ce n’est pas toujours ce qu’au fond ils voudraient. Ils sont emportés même s’ils ne sont pas profondément convaincus. Les villages déserts dans la journée, dont même les personnes âgées ont disparu, maisons vides malgré la beauté et parfois l’opulence de ces communautés villageoises assez près de la capitale ou des grands centres d’activité, de Roissy par exemple, pour être devenues dortoirs et loisirs. La hauteur des murs, surgis depuis une dizaine d’années à peine, comme pour défendre de tout envahissement et de toute agression, ce qui, hier, était ouverture et rencontre. "Je n’avais pas imaginé qu’un village habité, et riche, puisse ainsi présenter ce visage désert et fermé".

Jean est parti à la rencontre. Parfois, c’est la rencontre avec l’absence, ou la solitude, qui sont aussi l’une des épreuves du monde contemporain.

 

 

 

 

JEAN LASSALLE LE DEPUTE QUI MARCHE (2)

DEUX AMIS INSEPARABLES
DEUX AMIS INSEPARABLES 
Article écrit par François BAYROU.
« Ce qui me repose, ce qui me permet de récupérer, c’est de marcher. »

 

On croirait que pour le marcheur, c’est la marche qui fatigue. Mais l’héritage de générations de bergers arpentant la montagne l’été et les plaines des Landes l’hiver, cet héritage, s’il était enfoui, n’avait pas disparu. Il revient. Il y a encore quelques-unes des misères et des écorchures des premiers jours, mais où que passe Jean, il y a toujours un ami médecin, un infirmier ou une infirmière, un pharmacien qui permet de rendre au marcheur la facilité et l’ampleur de la marche.

 

« Mais où j’épuise mon énergie, ce dont je sors vidé, sans plus de force, ce sont les innombrables entretiens quotidiens. »

 

C’est qu’il faut tendre le regard, autant que l’attention, ne pas perdre de vue celle ou celui qui vous donne, en parlant, l’essentiel de sa vie. Au travers d’une seule voix, seule ou dans un groupe, médecin, agriculteur, maire, conseiller général, cafetier, c’est un peuple qui se confie, un peuple plus inquiet qu’il ne le fut, dans ces régions de la Somme ou de l’Aisne, depuis la Grande Guerre ou l’invasion barbare.

 

Qui n’a pas vu Jean Lassalle écouter n’a rien vu. Beaucoup de ceux qui le connaissent vous conteraient avec luxe de détails Jean Lassalle l’orateur, Jean Lassalle qui parle, qui séduit, qui entraîne, qui fait s’écrouler de rire une salle, Jean Lassalle qui chante, de cette voix capable de s’imposer, sans artifice, sans micro, à une foule ou à un hémicycle. Mais le vrai Lassalle, c’est Lassalle qui écoute. C’est un homme qui convainc davantage encore en écoutant qu’en parlant. Alors ses yeux se rétrécissent, son regard se tend à l’extrême, comme se tend la corde du violon, il a comme un mouvement du buste, et le corps tout entier accompagne le don de l’attention. C’est une immense énergie tout entière donnée pour recevoir.

 

C’est ainsi qu’en un mano a mano de plusieurs heures, un esprit à esprit pourrait-on dire, qu’il convainquit à Osaka, au Japon, le président de la multinationale Toyal, de choisir l’avenir du site industriel de la vallée d’Aspe. Au milieu de l’entretien qui dura presque une demi-journée, si lourde était la tension de ces deux vies, de ces deux logiques, de ces deux consciences affrontées l’une à l’autre, confrontées l’une à l’autre, front contre front, surprise contre surprise, estime bientôt contre estime, que l’interprète s’écroula en larmes et qu’il fallut la remplacer.

 

Jean Lassalle désormais est à Amiens et dans l’Amiénois.

 

Désormais, les médias locaux sont mobilisés, et les élus se déplacent pour accueillir ce collègue inattendu, qui vient leur parler d’eux-mêmes, qui vient les défendre.

 

Il en est qui l’attendent avec leurs adjoints, à l’entrée de la commune, quelques centaines ou quelques milliers d’habitants, écharpe tricolore pour honorer et accueillir le marcheur. C’était le cas à Saleux. Il en est qui l’accueillent en l’Hôtel de ville, parfois avec leurs proches. C’était le cas à Amiens, pour un long entretien dans le bureau du premier magistrat.

 

Et qu’ils soient PS, UMP ou centristes, ou ne sachant pas très bien, cela n’importe pas. Tous disent, gravement, avec souci, avec la crainte instinctive, presqu’animale de qui sent sur sa peau les grondements souterrains d’un séisme qui vient, la désagrégation sociale qui s’accélère. Aucun ne sait ce qui va vraiment se produire, mais tous sentent inéluctable la survenue de quelque chose.

 

Les économistes auraient des chiffres pour le dire : l’appauvrissement généralisé, lent et progressif, parfois plus rapide encore, d’un pays qui ne produit plus assez de richesses pour assurer le niveau de vie des foyers. Les sociologues montreraient la progression de la solitude, l’explosion du monde rural, la fin de la solidarité autour de l’âge qui vient.

 

Notre ami Jean-Christophe Loric, jeune conseiller général de la Somme, organise la visite de Jean, avec son tempérament de leader chaleureux. Il lui raconte son installation, il y a quelques années, dans ce canton de Conty, à Plachy, non loin d’Amiens. Il lui fait rencontrer les animateurs de la vie locale, ceux qui, par exemple de 6 h. à 23 h. tiennent le dernier café, bar, tabac, PMU, et il y a du monde qui vient. Mais ils ont reçu cette semaine un rappel de charges supplémentaires à payer, 6.000 euros de plus, auquel ils ne s’attendaient pas, et ils n’ont pas de quoi faire face. Eux aussi envisagent de fermer. Et c’est le cas aussi au village voisin, établissement qui paraît opulent, fortement achalandé, mais qui se sent accablé de charges nouvelles.

 

Et c’est le cas de l’agriculteur, maintenant céréalier, hier éleveur, près d’une centaine d’hectares, qui a soigneusement décompté les dix générations qui l’ont précédé sur cette terre. Il sera la dixième, et la dernière. Avec l’impression glaçante que sa vie n’est plus aimée, y compris de ses propres enfants.

 

Il en est qui refusent de déposer les armes. Ainsi de ce maire-châtelain, aimé de ses concitoyens, qui rachète autant qu’il le peut les terres à vendre pour qu’elles ne deviennent pas seulement la proie d’investisseurs lointains. Ainsi de cet agent de l’Éducation nationale, ouvrier professionnel, qui s’est installé comme conseil de ses anciens collègues licenciés, qui se sont mis à leur compte, et qui s’est fait le chef d’orchestre de leurs entreprises, comme il est, à ces moments de loisir, musicien estimé à la tête d’une formation appréciée.

 

Et revient à l’esprit de Jean Lassalle cette idée deux fois séculaire de cahiers de doléance, dont il ne voudrait pas qu’ils fussent seulement de plaintes, mais aussi d’espoir. Or c’est d’espoir que la société française déchirée, partout, en Picardie comme ailleurs, manque le plus. Et c’est pourquoi marche Jean Lassalle.

 

 

 

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